Le chanteur, souffleur et frappeur nigérian Ray Stephen Oche a réalisé vers 1977 cet enregistrement à Paris (où il est arrivé dès 1965) avec son Matumbo. Six complices originaires des Antilles françaises, Guinée, Gambie, Togo, Congo, Brésil, forts de leurs racines culturelles respectives et qui ont surtout en commun l’amour du jazz, le sens du groove et l’inspiration funk. Une polyrythmie accrocheuse dès le premier de ces six morceaux trépidants, Alaglanu Alaglano (ville méchante ville hostile) où le tempo ocre africain se mue souvent en note bleue grâce aux improvisations échevelées de la trompette de Ray Stephen, du sax ténor de Rao Kyao, de la Fender basse épaisse de Tony Batchi.
Parfois les percussions font revenir la tradition africaine à la terre ancestrale, sans oublier la voix sépulcrale de Ray globetrotter dès les années 1950 en Afrique de l’Ouest où il a rencontré quelques maîtres qui ont complété son initiation aux musiques noires urbaines. Oche semble ici souvent mener une ronde archaïque, mi-chamane mi-ambianceur, notamment sur Okwukwu Kiwongo (le genou d’Iwongo), l’une des rares musiques de cet album où percent quelques envolées afrobeat. Dans ce disque où dominent les cuivres, les percussions (tambours et congas de Ray, Jo Maka, Adolf Winkler, Lucky Zebila), les mélodies acérées sont quelques fois adoucies par un piano (Paul Rako) nonchalant comme sur Daybreak On The Niger (l’aube sur le fleuve Niger) dont les chorus restent enchevêtrés, se chevauchent dans une ambiance surchauffée, à l’exemple du titre Odeiyolaoo (ça brûle ça brule).
Par Hadi Omar | akhaba.com
Vinyl : LP 180g with printed innersleeve